[FANFIC] De Néant et de Rage .

Bordure intérieure de la Ceinture de Kuiper . 30 UA, Unité Astronomique, de la Terre en approche rapide du point de Lagrange de Charon et Pluton.
Incident 2-9-0-8-1-9, temps : plus 50 années terriennes.


Les micro météores plurent sur l'alliage d'acier-lumière, lacérant les couches supérieures comme autant de fauves affamés. Voilà des mois que le bouclier avait cédé, la capsule avait perdu de sa superbe et ressemblait à ce qu'elle était : une épave dérivant depuis bien trop longtemps dans les régions les plus inhospitalières du vide.
Ici le vent solaire était trop faible pour irradier l'occupante inconsciente du cocon de métal extraterrestre. Endormie, elle n'entendait pas l'acier-lumière gémir sous les forces de gravité des planétoïdes dérivant à quelques centaines de milliers de kilomètres d'elle. Bercée, en fait ballottée, étirée, comprimée, la nacelle de survie ne résisterait plus très longtemps. Le carrosse cahotant de la belle endormie se positionna au point de Lagrange, là où la gravité la laisserait en paix, le temps de deux pulsations solaires et lança son dernier appel déchirant à travers le vide.
Voilà cinquante ans que l’ordinateur de bord gardait cette réserve d'énergie, un hurlement de panique lancé à la vitesse de la lumière à travers le système. Son créateur répondit, comme il se devait...

- Il est temps... Les enfants turbulents reprennent le chemin de la maison.

Même si elle ne l'entendit pas, chaque cellule de son corps réagit à la voix sépulcrale mais pourtant douce qui résonna à travers l'éther du vide et une énergie depuis longtemps en sommeil se réveilla en elle. Le nez du cocon de métal se mit à chatoyer puis se troubla et une « bulle » de vide enveloppa la nacelle. Le phénomène exotique disparut aussi vite qu'il était apparut : la nacelle se libéra de l'orbite de Pluton pour se retrouver dans celle de la Terre. Cette garce de gravité fit le reste.

La nacelle plongea dans les couches de gaz à trois fois la vitesse du son. Les alarmes sonores et visuelles se déclenchèrent. Le « jus » lui fut administré, un cocktail d’amphétamines et de neuro-stimulants propre à réveiller un mort en état de coma éthylique avancé.
Le cocon d'acier-lumière s'enfonça toujours plus loin dans les couches denses de la haute atmosphère, le bang sonore résonna et se fit le héraut de son retour parmi les siens. Les bêtabloquants cryogéniques furent chassés de son système alors qu'un torrent de feu liquide parcourait son système circulatoire et réveillait ses fonctions vitales.

Une longue inspiration, plutôt un râle grotesque, annonça le réveil de la belle endormie.
D'abord l’ouïe, agressée par le son strident de l'alerte collision. Puis la vue, brûlée par les flashs rouges orangés de l'alarme. Ensuite le toucher, écrasée par les parois de son coffrage métallique.
C'est oppressée, les tympans vrillés et les yeux au bord de l'implosion que la naufragée repris conscience.
Le palpitant prêt à transpercer sa cage thoracique, cognant pareil à un animal enragé,  qu'elle découvrit son environnement. Un chaos de lumières intermittentes définissant un espace clos qui lui imposait de rester allongée sans espoir de bouger. Un rugissement terrible qui semblait l'entourer et la chercher pour l'emporter. L'ordinateur fit sa dernière manœuvre et signa par la-même sa fin. Des tuyères se déployèrent du nez de la nacelle alors que plusieurs volets et aérofreins fleurissaient à la poupe de l'appareil. Les dernières réserves de plasma s'échauffèrent et furent crachées pour ralentir la chute inévitable. Foutue gravité.

Le hurlement sauvage des vents extérieurs se calma puis cessa. Les secondes s'étirèrent, un choc brutal secoua la nacelle et la fit gémir d'une horrible façon. Alarmes, sons et lumières se turent à cet instant, la laissant dans un silence effrayant après tant de bruit. La partie supérieure de la nacelle s'éjecta dans un sifflement d'air comprimé.
Le froid de la nuit russe fut comme un vent tropical sur la peau trop longtemps exposée au gel du sommeil cryogénique. La vague de chaleur fut le dernier coup de fouet nécessaire à son réveil. Elle s'extirpa lentement hors de son sarcophage de métal, fit jouer ses articulations et tournant sur elle-même, portant son regard sur le ciel étoilé qui coiffait ce paysage de ruines industrielles humaines.
Elle tenta de parler. Mais ses cordes vocales trop longtemps laissées pour compte, refusèrent de produire le moindre son compréhensible. Une douleur sourde lui déchira la gorge. Elle se baissa et porta à sa bouche un petit caillou qu'elle suçota plusieurs minutes. Réactivant ses glandes salivaires, elle humidifia sa langue et sa gorge . Au bout de plusieurs tentatives elle réussit à articuler à voix haute, un croassement qui tenait plus du chat agonisant mais qui la satisfit.

- Je sais que tu es encore en vie, tu ne me l'as fait pas. Sors de là !

Une sphère de lumière-acier émergea des restes de la nacelle et s'éleva pour s'immobiliser à quelques centimètres du visage de la rescapée. Changeant constamment de forme, on aurait dit un cyclope lilliputien atteint d'hyperactivité.

- Ravi de voir que vous êtes vivante...Gardien.

- Tu m'en diras tant Sparky... Rends toi utile tu veux ?


Le petit cyclope volant tourna son iris de lumière vers les étoiles et fit un tour sur lui même.

- Analyses terminées. D'après les bases de données astronomiques et la position actuelles des constellations visibles, Nous sommes sur Terre.

- Bravo Sparky, toujours aussi indispensable à ce que je vois. Ce qui m'intéresse, c'est quand ?

- Je n'ai pas fini...Gardien. Il s'est écoulé cinquante années terrestres depuis notre dernière mission... Vous êtes la belle au bois dormant de votre Ordre .

Elle essaya de le gifler en plein vol. Mais ce petit monsieur-je-sais-tout artificiel esquiva avec une facilité extrêmement vexante. Regardant le vide, elle inspira exagérément et activa son casque. Celui-ci se déploya et se connecta avec le reste de son armure. Biométrie et diagnostics de son équipement emplirent sa vision.

- Permettez moi de vous souhaitez un bon retour sur Terre... Gardien Ghezzel'Han.

- Trêve de politesses hypocrites. Contacte la Tour.

- Liaison impossible. Brouillage trop puissant à proximité. Je préconise de se dir...

- Tu préconises rien du tout ! Je présume que ça vient de cet observatoire. Ces antennes radars doivent jouer de parfaits amplificateurs pour le signal de brouillage.

Le cyclope volant, un spectre puisqu'il fallait bien les nommer, changea à nouveau de forme et se fendit d'un autre commentaire.

- Je vois que la cryogénie à booster vos facultés neurologiques. Après tout cryo...génie.... Vous devriez vous endormir plus souvent.

Après un silence dédaigneux de quelques secondes, Ghezzel lui accorda une réponse.

- J'espère pour toi que tu n'as pas perdu ma base de donnée sonore... Envoie celle que tu sais, sur le canal privé, pour accompagner notre ballade.

Un autre changement de forme et le spectre s’exécuta : Suburan wars Arcade Fire

La gardienne fit jouer les articulations de ses gants de combat, jouant une symphonie muette de ses doigts trop longtemps immobiles. Elle en appela aux forces du Vide et fit naître une bulle de néant en lévitation au-dessus de sa main.

- Bien, tout d'abord trouver une arme . Suis moi !

La tour de l'observatoire se rapprochait de minute en minute, Ghezzel prenait bien soin de rester à couvert, se faufilant à l'ombre d'une carcasse rouillée ; profitant de l'abri relatif offert par un rocher grêlé d'impacts... La zone semblait déserte mais la prudence était de mise.
Les anciennes zones industrielles ou scientifiques comme ce vieux cosmodrome étaient le terrain de chasse favori des Déchus. Malgré le temps passé, les vieilles habitudes restaient et jusqu'à preuve du contraire la zone ne brillait pas par son activité humaine, donc...
Elle fit une pause à l'ombre d'un vieux transformateur portatif qui était devenu un véritable monument à la gloire de la rouille, pour scanner le paysage et recenser les entrées possibles du complexe astronomique. La guerrière balaya tout ce qui se trouvait dans son champs de vision, un accès de maintenance était visible dans le soubassement en béton armé. Il ne se trouvait qu'à deux cents mètres et aucune présence n'était détectable.
Elle patienta une minute de plus et se dit que cet excès de prudence n'était pas vraiment elle, les conséquences de son repos forcé ? Qui sait ? Bien lui en prit . Une cacophonie de sons stridents et de cliquetis se répercuta le long des rochers et des cadavres métalliques qui jonchaient la zone la séparant du sas de maintenance. L'angle Sud-Ouest de l'observatoire vomit une demi douzaine de Déchus. Une patrouille, pour sûr. Ghezzel activa le grossissement sélectif de sa vison augmentée et put détailler les fauteurs de troubles.
Des Déchus mais loin d'être le haut du panier... Partagée entre la déception et le plaisir de laisser à nouveau libre cours à sa rage, elle dénombra cinq Rebuts chapeautés par un Vandale. Ce dernier semblait quelques peu dégoûté par le fait de devoir superviser la lie de son espèce... Elle lui concéda que cela lui ferait une piètre escorte lorsque son âme brûlerait dans le Vide. Ghezzel appela son spectre et tendit sa main gauche.

- Allez mon petit Sparkounet, il est temps... Rentre au chaud, veux pas que tu vois ça et que tu me grilles une diode.

- Attendez... Vous allez foncer dans le tas... IL a bien fait de vous exiler, vous et les vôtres êtes trop v...

- SUFFIT ! Rentre et envoie ce que tu sais , j'ai besoin de me défouler !

Comme s'il pouvait se vexer, le spectre mécanique virevolta et se stationna au dessus de la paume gauche de sa maîtresse, sans un mot. D'un dernier changement de forme il envoya : Feuer Frei  et se dématérialisa dans un chapelet de cubes lumineux pour réintégrer sa matrice, contenue dans l'armure du Gardien.
Ghezzel fit appel aux forces du Vide et de la Lumière. En l'espace d'un battement de cœur, le pouvoir circulait dans ses veines, irriguait ses organes, renforçait et insufflait une force nouvelle à chacune des fibres musculaires de son corps. Au second battement, elle s'élança et couvrit un quart de la distance la séparant de ses proies.Au troisième elle se propulsa lors d'un bond prodigieux et plana le temps d'un quatrième battement. Au cinquième elle fut repérée et se fendit d'un sourire carnassier derrière son heaume de métal. Au sixième elle atterrit au milieu de la patrouille tout en résistant à l'envie impérieuse de purger son organisme en relâchant une vague de pouvoir qui aurait désintégré ses adversaires en une pluie de cendres incandescentes. Elle serra les dents, encaissa le contre coup de son excès de zèle et entama son ballet macabre.
Encore sous le coup de la surprise, les Rebuts mirent quelques secondes à réaliser qu'une humaine désarmée les chargeait et venait de se poser au milieu de leur escouade. Un concert de cliquetis et de sons stridents, rappelant une nuée de criquets névrosés, résonna durant la seconde qui précéda le carnage.
Ghezzel se redressa et fit face à son premier Rebut depuis des décennies, elle dévia le bras armé qui pointait un pistolet à canon double sur son visage et d'un même élan, propulsa sa main droite vers la trachée de son adversaire. La liaison neurale de l'armure répondit immédiatement à l'ordre muet de sa propriétaire et rigidifia les phalanges de métal de son gant, transformant les doigts de la guerrière en une lame de chair et d'acier. Le gant de la guerrière s'enfonça dans la partie visée, transperça le tissu tressé de nanites censé protéger la gorge de son porteur et s'enfonça dans les chairs molles du Déchu. Tendons et cartilages cédèrent dans un bruit spongieux et humide. Ghezzel retira sa main, alors que le Rebut s'effondrait comme une poupée désarticulée, à moitié décapité.
Elle s'accroupit, évitant un coup de taille qui aurait fait céder son bouclier magnétique et d'un même mouvement faucha son assaillant. Ce dernier tomba lourdement au sol tandis qu'elle lui sautait sur le thorax, lui brisant plusieurs côtes. Le charognard stellaire lui hurla un défit incompréhensible. Saisissant l'occasion, la guerrière inséra son poing dans la gueule offerte, brisant quelques dents pareilles à des aiguilles et y libéra une petite sphère de Néant. Déjà mort sans le savoir, elle l'oublia et se redressa pour encaisser deux coups à bout portant. Un troisième Déchu venait de vider son arme dans son dos, faisant sauter son bouclier et par la même, l'exposant directement aux blessures. Elle se retourna alors que la tête de sa précédente victime se mettait à gonfler dans des proportions grotesques. Le battement frénétique de ses jambes salua la libération que fut l'explosion de sa boîte crânienne .

Ghezzel chargea et saisit à pleine main celle de son adversaire qui braquait encore son arme déchargée. La Force affluant, elle lui brisa la main, soudant les os du Rebut et le métal de l'arme dans une étreinte titanesque. Hurlant sa douleur à plein poumon, l'extraterrestre ne vit pas venir la main qui lui transperça les orbites basses jusqu'au cerveau. Le quatrième essuyait encore les esquilles d'os  et les fragments de cervelle que son infortuné compagnon avait fait pleuvoir sur lui quand elle rua en sa direction. Le Vandale ne resta pas en reste. Plus avancé, l'officier de basse caste s'était retourné à l'appel strident de ses subordonnés, pour découvrir une tornade de tissu et de métal qui réduisait ses affidés en charpie. Il arma son fusil et commença à arroser la zone en décrivant un arc qui partait du Rebut aux yeux crevés vers celui qui, en proie à la panique, balayait frénétiquement son torse couvert de matière cérébrale, d'os et de sang.
Les balles sifflèrent derrière le Gardien et se rapprochait alors qu'elles suivaient sa course. Ghezzel percuta de plein fouet le Rebut en proie à la panique. Ils roulèrent sur plusieurs mètres, lui offrant ainsi quelques secondes avant que la rafale de balles ne la rejoigne.
D'un geste rapide, elle s'empara du couteau de combat de son adversaire et en planta la lame dans le flanc droit de l'extraterrestre. Là où se situait la cicatrice qui marquait l'emplacement du bras manquant. Membre amputé lors d'une cérémonie publique d'humiliation qui avalisait sa déchéance sociale aux yeux de tout le Clan.
Le Gardien enclencha l’électrification de la lame tandis que l'acier de combat tranchait les tissus cicatriciels et ripait sur les côtes. D'un dernier coup de poignet, elle trancha la tresse artérielle qui irriguait poumons et muscles cardiaques. Le Rebut rendit l'âme en se noyant dans on propre fluide vital.

Ghezzel bondit par dessus le cadavre et lança son couteau en direction de l'arme du Vandale, tout en le chargeant. Trop lente.
La dernière rafale l'atteignit au bras, déchirant son manteau et son biceps. Elle mit la douleur de côté, trébucha une fraction de seconde et reprit sa course. L'arme du Vandale, longue à recharger, ne pouvait plus lui servir. Il la lança en direction du Gardien dans l'espoir de la faire trébucher. La guerrière esquiva et se campa devant l’officier Déchu lorsque ce dernier dégaina son couteau. Il entreprit de se fendre et d'avancer sur son agresseur tout en jouant de ses trois autres bras pour la perturber. Ghezzel dansait. Esquivant, faisant des entrechats complexes tout en semant une pluie de larmes rubis dans son sillage.
Elle attendait l'ouverture, le moment décisif. Le Vandale enragea devant cette proie insaisissable et se fendit trop profondément. Ghezzel saisit sa chance et propulsa deux doigts rigidifiés sur le poignet de son adversaire. La plaque d'armure tout comme la chitine recouvrant ses chairs insectoïdes cédèrent dans un craquement sonore, faisant écho à l'articulation fracturée. Le couteau quitta les doigts gourds et la lame tinta au sol. Le Vandale empoigna alors la guerrière de ses deux bras inférieurs, tel un étau mortel.
Soulevée du sol, Ghezzel ne put que constater son impuissance. Le Déchu partit dans une sérénade de cliquetis et de sifflements qui ressemblait fort à un rire victorieux. Son bras supérieur valide se rapprocha tout doucement de la gorge du Gardien. Il comptait lui briser la nuque de sa main comme l'on brise un fétu de paille.
La rage du combat se déversa en elle, se mêla aux forces du Vide et de la Lumière. Un pouvoir primaire, ancestral, se confondant avec des forces venues d'un autre temps, d'une autre époque. L'alchimie biologique l’inonda et menaçait de la submerger. Elle saisit les deux poignets inférieurs de son adversaire et serra. Serra et serra encore jusqu'à ce que sa propre armure menace de se briser aussi. Puis elle libéra le torrent qui grondait en elle. La Force du Néant transita par ses membres et se déversa dans le Vandale. Saturant son système nerveux puis lymphatique. Noyant chaque fibre musculaire d'une force et d'une rage qu'il ne pouvait contenir et encore moins contrôler. Puis chacune de ses cellules fut inondée à son tour. Saturées, elles devinrent toutes de minuscules bombes gravitiques. Les milliards de cellules composant l'officier Déchu libèrent leurs charges énergétiques au même instant. Transformant l'extraterrestre en une torche de plasma incandescente. Le résultat fut une combustion spontanée des plus spectaculaire.
Ghezzel retomba au sol, vidée mais vivante. Elle prit quelques secondes pour récupérer alors qu'une nuée de cendres brûlantes pleuvait sur elle. Le spectre se matérialisa et vola au niveau de son bras blessé.

- Protocoles sanitaires en cours. L'armure répond idéalement. Réparations amorcées.

En effet, des agents coagulants se déversaient dans la plaie, résorbant l’hémorragie tandis que l'alliage tissé qui composait son manteau se réparait grâce aux nanites mécanos.

- Je vois que vous n'avez pas changé toujours aussi... Fine .

Elle se baissa et s'empara de l'arme du Vandale, réamorça la charge et vérifia que l'arme était rechargée. Une alarme se mit à retentir et des bruits de courses ponctués de sifflements bestiaux se firent entendre.

- Merci Sparky... Maintenant tu vas voir ce que c'est que la finesse...

Elle franchit le sas et s'engouffra dans les tunnels de maintenance de l'observatoire.

- Il nous faut monter, éclaire la route tu veux ?

- Vous êtes par trop agressifs, trop emportés, trop prompts à tuer et à sacrifier. L'exil n'était pas la meil...

- Tu as fini Cosette ? Éclaire et tais toi où tu rentres à la niche !

D'un changement de forme frénétique, le spectre dépassa la guerrière tout en planant une fraction de seconde au-dessus de sa matrice de transport puis se décida à ouvrir la marche, sans un mot de plus.

Le tunnel s'arrêta au bout d'une trentaine de pas avant de laisser place à une échelle qui disputait son ascension à tout un réseau de câblages. Ghezzel put franchir quatre des cinq niveaux que comptaient la tour de l'observatoire. Elle quitta l'échelle pour se retrouver face à un panneau indiquant « управление », son interface com traduisit l'ancien alphabet cyrillique par «salle de contrôle ».

- Parfait . Sparky, cou-couche panier.

Tandis qu'elle lui offrait sa paume, le spectre reconfigura sa silhouette avec une fraction de seconde de latence, expression d'un long soupir de lassitude...
Elle se figea devant le panneau, tendant l'oreille mais ne perçut aucun son. Le panneau s'effaça dans un chuintement d'air comprimé et elle pénétra dans la salle de contrôle. De nombreux moniteurs étaient visibles, tous muets et sombres, ensevelis sous une épaisse couche de poussière. Quelques unités centrales monolithiques tapissaient le mur du fond tandis que la baie vitrée opposée offrait une vue splendide sur la plaine environnante. Outre le paysage, c'est la terrasse extérieure et son échelle d'accès au toit qui attira le regard du Gardien. Au moment où elle se mit en marche, un nuage de poussière s'éleva du sol, puis une seconde tornade poussiéreuse balaya les claviers qui se trouvait sur sa gauche. Deux orbes orangés illuminèrent les tourbillons chargés de particules avant de focaliser leur attention sur celle qui troublait leur veille.
Les deux drones de combats s’élevèrent au dessus des instruments d'un autre âge et ouvrirent le feu.
Ghezzel roula derrière une console alors que les projectiles déchiraient le sol qu'elle avait foulé un fraction de seconde plus tôt.
Elle entendit leurs générateurs anti-gravité siffler alors qu'ils s'élevaient pour obtenir un meilleur angle de tir. Au bruit de la fusillade succéda celui de la porte s'ouvrant brusquement pour laisser enter deux Vandales, sûrement de garde à l’extérieur de la salle.

- Bordel !

Elle se releva prestement et ouvrit le feu, compensa le recul de l'arme et gaspilla quelques munitions à suivre l'ascension du premier drone. Ses projectiles atteignirent l'iris artificiel de la machine et la firent exploser. La pluie de débris déséquilibra un instant le second drone, l'obligeant à changer d'assiette pour corriger son vol.
Ghezzel, roula et fit feu alors qu'elle n'était pas encore relevée. Sa rafale faucha la machine, bousillant son contrôle de vol. Le drone partit dans un vrille incontrôlable et percuta un des Vandales rentrés en trombe dans la pièce. L'explosion le renversa et lui brûla les deux bras gauche. Elle roula à nouveau, toujours en se rapprochant de la baie vitrée tandis que le second Déchu la prenait pour cible.
Les balles fusaient, transformant en charpie le métal et le plastique des divers moniteurs et consoles de la pièce. Sous une pluie de débris elle parvint à s'abriter derrière la dernière console avant la terrasse. D'une rafale elle fit exploser la baie vitrée, s'ouvrant ainsi une voie royale jusqu'à l'échelle du toit et du brouilleur qui devait s'y trouver.

Le Vandale posa un genou à terre et d'une main toucha l'épaule de son compagnon blessé. Ce dernier gémit et tenta  péniblement de se lever.
Ghezzel, contre toute attente, ne fonça pas vers la terrasse mais plongea en direction de ses adversaires. En un long tacle glissé, arme en avant, elle pulvérisa le torse du Déchu altruiste. Les balles s'enfonçaient au delà de l'armure et des plaques chitineuses. Déjà mort, elle n'en vida pas moins son chargeur et lança son arme devenue inutile au visage de celui qui se redressait. Sonné pour le coup, il ne vit pas le spectre mécanique quitter l'armure de son adversaire pour commencer à souder la porte de la salle. Ghezzel enjamba le Vandale groggy et souleva son pied gauche tout en faisant appel aux Forces du Vide. Elle attendit que les deux paires d'yeux clignent et qu'il réalise ce qu'il voyait.

- Un petit pas pour l'Homme...

Elle abattit violemment son pied et fit éclater la tête du Déchu brûlé comme un fruit trop mur. Elle eut un peu de mal à retirer son pied du béton et se précipita sur la porte pour y faire basculer plusieurs unités centrales et serveurs en un barrage improvisé, censé ralentir ses poursuivants. Avant de délester les cadavres de leurs armes et munitions. Le spectre finit de souder la porte à son encadrement métallique et se dirigea vers son Gardien en suivant les traces de pas carmins qu'elle semait...
Ghezzel franchit la terrasse industrielle au pas de course alors que des sifflets et des cris indignés résonnaient derrière la porte scellée.
Arrivée sur le toit elle localisa très vite le brouilleur. Unité massive au milieu des paraboles rongées par la rouille. Un grand fracas métallique lui apprit que son barrage avait céder. Elle puisa dans la Force accumulée lors de son dernier affrontement et libéra une puissante vague d'énergie. Les antennes et paraboles présente derrière elle furent couchées comme de simples fétus de paille. Celle devant elle, en bordure du toit fut arrachée de son socle rotatif et passa par-dessus bord. Comme escompté par la guerrière, la parabole soufflée emporta la terrasse dans sa chute, détruisant par la même le seul accès que pouvait emprunter ses poursuivants.

- Votre finesse stratégique me... surprendra toujours , Gardien !

- Tu sais Saprky... Je me demande ce que tu donnerais en serre-livre sur une étagère ?

- Sûrement la chose la plus réfléchie présente dans vos quartiers...

Au boucan métallique succéda les tirs rageurs et les insultes, s’imagina-t-elle, que les déchus firent pleuvoir sur le rebord du toit, sans présenter de menace immédiate.
Seul le bouclier du brouilleur avait souffert de sa vague de Force. De quelques rafales à bout portant elle le fit céder.
Le spectre s' approcha et se mit à sonder le panneau d'interface de son faisceau cohérent. Au bout de quelques secondes il revint flotter à quelques centimètres de Ghezzel.

- Mes protocoles de contournements et d'intrusions sont obsolètes Gardien, je ne pe...

- La troisième... Oui sur la troisième étagère, tu seras parfait !

- Cela fait cinquante ans que je n'ai pas été mis à jour grâce aux bases de données partagées. Cinq décennies équivalent à...

- A trop de temps... Suis bien d'accord pour une fois.

Elle l'écarta du bout de son arme et tira trois courtes rafales dans le brouilleur. Ce dernier rendit l'âme dans un maelstrom de composants grillés qui jonchèrent le toit de l'observatoire.

- Appel de détresse envoyé. Attente d'une réponse de la Tour.

- Tardez pas les gars...

- Question, Gardien . Comment sa géniale généralissime a prévu de descendre ? Juste au cas où l'on viendrait nous ramasser ?

- Comme ça .

La guerrière pointa du doigt un objet dans le dos du spectre. Objet qui n'était pas là quelques secondes plus tôt. Sparky se retourna et focalisa son iris de lumière.

- Vous êtes vraiment...

L'acolyte mécanique ne pouvait voir le sourire carnassier qui fleurit sur le visage de son Gardien.

texxaco a écrit:Hello, déjà félicitations c'est très bien écrit et on se laisse vite embarquer dans l'histoire.Cependant...et oui il en faut bien un, un passage de ton histoire me laisse perplexe, je cite : "propre à réveiller un mort en étant de coma éthylique avancé".

Euh comment dire?, mort (supposé être définitif) coma éthylique avancé, outch il va falloir choisir : soit il est mort soit il est bourré comme un coing?   

Bon c'est clair que c'est du pinaillage mais j'aime bien pinailler^^

Second point, c'est bien du point de "Lagrange" dont tu parles?, j'ai trouvé un vieux lagange dans le récit (pas dans l'intro)

Troisième point, là c'est peut-être moi qui pédale un peu dans la semoule, "la nacelle se libéra de l'orbite de pluton pour se retrouver dans celle de la terre "...euh le déplacement c'est quand même du 5-6 heures lumière ( en gros ).

Et bien voilà sinon tout le reste c'est OK, et je suis content, j'ai mangé des cerises, j'ai fait mon chiant de base, la journée s'annonce bien.
Note bien que ce ne sont pas des critiques, je ne saurais être aussi créatif que toi, un peu cartésien certes. Nan sérieux continue c'est cool j'ai hâte de lire la suite.   

Setsua a écrit:J'aime beaucoup ton style bien qu'un peu chargé en détail, c'est un peu too much parfois. Mais ça a le mérite d'éviter toute confusion d'une certaine manière

La relation avec le spectre semble un point intéressant que j'espère que tu développera

J'ai noté quelques petites fautes d'accords, notamment sur la fin, sinon dans l'ensemble c'est bien écrit, sans faute d'orthographe flagrantes, c'est plaisant

Setsua a écrit:Si vraiment ça te saoule, au pire, envoi moi ce que tu veux écrire avant pour que je te le corrige, ça ne me dérange pas

Laukhy a écrit:[...]Pour les fautes j'avoue ne pas me relire et écrire d'un jet , suis un très mauvais élève en ce qui concerne la relecture. Il est vrai que je dois en laisser passer, vu que j'écris à chaud. Je tâcherai de faire plus attention.

Cox a écrit:

Laukhy a écrit:[...]Pour les fautes j'avoue ne pas me relire et écrire d'un jet , suis un très mauvais élève en ce qui concerne la relecture. Il est vrai que je dois en laisser passer, vu que j'écris à chaud. Je tâcherai de faire plus attention.

N'est-ce pas le comble pour un enseignant

texxaco a écrit:Mouarff je reste sur ma faim du coup....l'histoire ma plaît de plus en plus

Setsua a écrit:Bonne vacances à toi également

Je vais pour ma part m'occuper de la suite de ma FanFic ce soir

texxaco a écrit:1 mois de vacances houaaa quand même...profites bien

Laukhy a écrit:comme pour un exprimer un long soupir de lassitude...

Laukhy a écrit:Le drone partir dans un vrille incontrôlable

Laukhy a écrit: - Sûrement la chose la plus réfléchie présente dans vos quartiers...